L'association Santé Mentale Alsace, qui a soufflé ses 60 bougies en 2020, a proposé, il y a de cela quelques semaines, à deux personnes en situation de handicap psychique de vivre ensemble à Wittenheim. Premier retour d'expérience sur cette "solution d'hébergement innovante" avec les deux travailleurs de l'Etablissement et service d'aide par le travail (ESAT) de Rouffach. 

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C'est le genre de défi dans l'air du temps, le genre d'association taillée pour y répondre. Bien implantée dans le paysage haut-rhinois depuis 60 ans, l'association Santé Mentale Alsace se trouve confrontée à un nombre croissant de personnes en situation de handicap psychique souhaitant habiter en autonomie dans leur logement. De quoi tendre vers le discours de l'Etat et des agences régionales de santé, encourageant à une société plus inclusive. Frédéric Seiler, directeur de l'association aux 80 salariés, lui, ne peut qu'approuver : "On ne veut plus construire des établissements dédiés à ces personnes en situations de handicap. Au contraire, il faut qu'ils soient tournés vers la société. Pour un certain nombre d'entre eux, c'est faisable, à condition de mettre en place un étayage autour d'eux."

Une proximité rassurante avec la résidence Les Tulipiers

Fort de ce constat, du savoir-faire en matière d'hébergement de la résidence Les Tulipiers à Wittenheim, de l'expérience acquise en termes de capacité d'accompagnement du SAVS-SAMSAH, Santé Mentale Alsace est passé à l'action en début d'année. L'association a donné corps à son projet d'habitat inclusif à Wittenheim, à quelques centaines de mètres à peine des Tulipiers. Un appartement de 96m2 avec terrasse, au dernier étage d'un immeuble "ouvert sur la cité" que lui loue l'un de ses partenaires, le bailleur social Néolia. 

Les deux premiers locataires, deux travailleurs de l'Etablissement et service d'aide par le travail (ESAT) de Rouffach qui n'arrivaient pas à vivre seuls, y ont emménagé le 1er février 2021. "Notre rôle, c'est d'assurer le paiement des loyers, que le logement tienne dans la durée. La proximité de la résidence leur permet, s'ils le désirent, de venir à pied pour y manger ou profiter des activités proposées ici (cuisine pédagogiques, balnéothérapie, jeux de société...) et de la navette qui les conduit à Rouffach", exposent Nathalie Landucci, chef de service de la résidence et Marie Tugler chef de service du SAVS-SAMSAH. 

 Une aide qui "leur permet de prendre confiance"

L'occasion d'évoquer avec elles cet "étayage", c'est à dire les formes de soutien apportées aux locataires, tous deux dans une démarche de soins. "On les aide dans la gestion de leurs documents et dans leurs démarches administratives. Quand ils ont dû intégrer le logement et qu'ils n'étaient pas sûrs de bénéficier de l'aide personnalisée au logement, ça les a déstabilisés, tétanisés. Savoir qu'on peut leur apporter des solutions, que les référentes passent les voir, qu'ils peuvent venir à la résidence, ça leur permet de prendre confiance", poursuivent Nathalie Landucci et Marie Tugler. 

 Du côté des locataires, rencontrés un vendredi de mars, si leur nouvelle situation est encore "fraîche", tous deux semblent avoir trouvé une forme d'équilibre. Jonathan, 32 ans est le cuisinier attitré de la colocation. L'ancien colmarien, officiant comme palefrenier à Rouffach ainsi qu'aux espaces verts, a l'habitude de vivre en colocation et s'adapte facilement, raison pour laquelle il s'est laissé tenter par cette aventure.

"C'est une chance pour nous"

Patrick (prénom d'emprunt) est, à 36 ans, le doyen de la colocation et s'occupe du ménage. A Rouffach, il est palefrenier et s'occupe du chenil. Il y habitait, d'ailleurs mais ne s'y plaisait pas. Il a fini par se laisser convaincre par la colocation et ne semble pas le regretter. "On aime bien tous les deux la musique, le sport, les jeux vidéo. Jusqu'ici, ça se passe bien. Je me sens plus calme, plus serein. C'est une chance pour nous. Et Wittenheim, je trouve ça beau et calme" témoigne t'il.

"On a le minimum mais ça nous suffit", estime pour sa part Jonathan. "On est aidés et bien entourés par des professionnels à notre écoute. Je suis assez autonome mais un appui, c'est toujours agréable." Il a connu Patrick au travers de son travail à Rouffach, de leurs pauses cigarettes. "On s'est bien entendu et on a des intérêts communs. Je n'aurais pas fait cette colocation avec n'importe qui." Santé Mentale Alsace se donne un an pour dresser un vrai bilan et, l'appartement étant prévu pour trois personnes, proposer à Jonathan et Patrick un autre colocataire. 

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texte par Pierre Gusz - journaliste à l'Alsace - Article paru dans la presse le 8 avril 2021

 

 

 

Siège social

Santé Mentale Alsace - 14 Rue Manfred Behr - Zone industrielle Est - 68250 Rouffach
Tél : 03 89 49 50 45 / Fax : 03 89 49 58 89
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L'association Santé Mentale Alsace est exclusivement au service des personnes handicapées psychiques et de leurs proches.